REPERTOIRE DES CHEMINEMENTS 1996

Midi Pyrénées, par Laurent Chamerat


Sommaire
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Pour la troisième année consécutive, le répertoire des cheminements de vols pyrénéens vous propose de nouveaux horizons. Ce document, qui n'est plus à présenter, a une fois de plus tenu ses promesses, dans la mesure où nous y trouvons d'autres pilotes pour d'autres parcours. Même si 96 ne fut pas une année exceptionnelle en terme de météo, chacun a su trouver le créneau qui lui convenait pour se faire plaisir. Certains racontent et décrivent, c'est ce qui permet à ces quelques pages de combler tant de personne.

En effet, un nombre considérable de répertoires a été distribué sur demande dans le courant de l'année. L'intérêt qu'y portent les pilotes de toute la France montre bien que l'étude préalable d'un vol a de plus en plus d'importance, quel que soit le niveau de pilotage.

Enfin, encore bravo à Marc Boyer et Olivier Perez, qui font tomber la fameuse barre des 100 km dans le massif. Un joli coup qui ne peut qu'enrichir notre banque de données, mais qui ne doit pas occulter l'engagement de ce type de vol. Ce document est aussi et surtout celui du pilote soucieux d'informer et de s'informer.


SECTEUR LUCHON (Luchon/St Lary/Val d'Aran)

Pilote: Olivier Perez

Enfin les vacances. Après un an et demi sans vol, hormis quelques treuillés à La Belle Idée, il me tardait d'enrouler un vrai thermique. Arrivé à Luchon le dimanche, vivement lundi que j'essaye ma nouvelle P6 toute neuve. Nous montons au décollage, Marc le chef d'entreprise, Jean Michel le moniteur, Freddy le biplaceur, et moi le touriste afin de faire une petite ballade autour de la vallée et peut être de celle d'à côté. Il ne semblait pas y avoir de vent et les cumulus qui se formaient au dessus du décollage laissaient présager une bonne journée. Nous décollons vers 12h 30. Marc et Jean Michel enroulent immédiatement le thermique alors que Freddy était à la recherche de son casque et que je faisait quelques wagas afin de prendre cette nouvelle voile en main. Mazette, facile et performante cette nouvelle paratech.

Je lève les yeux et je vois Marc et Jean-Michel au nuage partir vers le Céciré. Il est temps de les rejoindre. Au bout de quelques minutes, nous nous retrouvons tous les quatres à 3000m d'altitude au dessus du Céciré. Jean-Michel part vers le lac du Portillon avec Freddy alors que Marc et moi entamons la transition vers le Val d'Esquierry. Arrivé à Puy Ardoun, j'enroule immédiatement le thermique qui me propulse à 3300 alors que Marc file vers Peyragudes. A partir de ce moment, à part quelques contacts radio, je continue mon vol seul. Je décide d'essayer d'aller à St Lary et de tenter la retour vers Luchon. Je continue donc ma route collé à la base du nuage vers le Montségu. De là, transition vers la face Est du Pic d'Estos.  cet endroit, aucun problème pour remonter. Je décide alors de prolonger le parcours et d'aller tourner la station de ski de Piau Engaly. Je transite vers le Pic de Thou, suivi du Pic d'Aret et du Pic de Cuneille. Lors de ce cheminement, je me trouvais entre 2900 et 3400m et ne rencontrais aucun problème pour refaire le plein avant chaque transition.

Je décide de traverser la vallée pour raccrocher la crête de Traoues et de faire le tour du cirque qui entoure la station. Je refais le plein au Pic Méchant et je chemine sur la crête en passant par le Pic de Campbiel et la crête des Aguillous. De là, transition sur le Pic de l'Aiguillette où je n'ai eu qu'à suivre la crête jusqu'au Pic de Lia. Après cette petite incartade sur la frontière, je traverse la vallée de Rioumajou vers la Pic de Caouarère où je reprend la crête jusqu'au Pic d'Estos. Petite traversée au dessus de la centrale électrique en direction du Hourgade. Je commence à me diriger vers les Spijoles, mais voyant que tout le vallon était enneigé, je fais demi tour et me dirige vers le cap des Hounts Secs où je refais le plein afin d'assurer mon retour vers Luchon par le Céciré et Superbagnères.

A ce moment, je reçois de nouveau Marc en radio qui m'annonce qu'il se trouve au Tuc de Poustajou. Après presque 5 heures de vol, j'avais envie de me poser et d'aller boire une bière mais je me lisse tenter par un petit tour par le Val d'Aran. Alors que je refais le plein au Poustajou je perds de nouveau Marc. Tant pis, je poursuit tout seul vers Planèt des Barrans pour un cheminement classique jusqu'à Baqueira Beret et le Port de la Bonaigue. Je reçois de nouveau Marc en radio qui se trouve derrière moi. Je décide de l'attendre en me promenant entre le Port de la Bonaigue et le sommet de la station de Baqueira. Je me baladais parmi ces sommets entre 3000 et 3300m alors que Marc m'annonce qu'il n'a pût se refaire et qu'il se trouve au dessus d'Artiès.

Voyant qu'il allait se poser dans une petite vallée, je décide de ma laisser glisser dans le Val d'Aran afin de me poser dans le jardin de notre ami Carlos qui tient un petit restaurant où l'on est toujours très bien accueilli. Que voulez-vous, l'appel du ventre. Posé impeccable dans la brise du Val d'Aran à 18h 30. Ce qui nous donne un vol de 6h pour parcourir 112 km en distance avec un point de contournement: décollage de Superbagnères, 1 balise au Soum des Salettes et arrivée au Pico de Rosario. Je ne compte pas la glissade finale vers Arties. Jolie petite promenade touristique en cette belle journée durant laquelle les bouffeurs de kilomètres, jeunes loups aux dents longues auraient pût passer les 150. Et pas dans le piémont. Juste un petit mot encore: les 92 km avaient déjà été battus durant l'été 1994 par un vol de 95 km de Superbagnères jusqu'en Andorre. Voir mes déclarations de CFD de cette année là. Allez sans rancune et bons vols à tous.

O. PEREZ


SECTEUR ARIEGE (Couserans/Haute Ariège)

 

Le 7/03/96

Situation générale: Fin de traîne de nord-ouest, 20km/h à 3000, P max 2100.

Pilote: L. Chamerat

MARS, ET CA REPART

(Extrait lettre du club Effet de Fun)
-"Allo, Couz ?.. Demain 10h et demi à Arrout.
- Ok, ma poule.
- A demain".
"Allo Président Antras?... demain 10h et demi à Arrout.
- ...eueueuh...
- Ok, à demain".

Jeudi 7 mars, nous sommes tous les trois là, il est 11 heures à l'atterrissage d'Arrout, 10h et demi à ma montre. Le ciel est d'une limpidité aveuglante, la masse d'air est balayée depuis la veille par un flux de nord-ouest faiblissant. Les premières barbules naissent au dessus des versants est, à une vitesse presque identique à la montée en régime de la renault 5- pilotée par Jean-Paul- qui nous monte au décollage.

Après un rapide tour d'horizon, nous nous préparons et décidons, comme d'habitude, de voler ensemble sur le parcours le plus évident et le mieux balisé par les cumulus. Suite à l'exhumation de 12 kilos de cailloux en guise de lest, je me met en l'air sous l'Atiks 32 vers midi, suivi de la xénon 26 flambant neuve de Patrick et de celle, transparente, de Jean-Paul. Je m'extirpe du site sans trop de difficultés, puis décide de tester, derrière le déco, la combe sud-est de Castel Nérou. Un agréable +3 m'y attend et me monte aux barbules à 1900 alors que les xénons sortent à leur tour d'Arrout.

Cette grimpette m'offre donc la possibilité de transiter sur la traditionnelle pompe de l'Arraing, mais l'attrait des versants sud de la Bellongue, surplombés de magnifiques cum en constante activité, est le plus fort. J'informe alors les nova-boys de ma décision, grâce à ce fabuleux instrument qu'est la radio. Malheureusement, l'état de la mienne ne me permet même pas de soutenir la comparaison avec la portée d'un mégaphone. Toujours est-il que je devine la fine silhouette de Couz se profiler sur mes pas. Patrick quant à lui, doit tenter comme à son habitude le record du Monde de rase motte, mesurable au nombre de branches décimées sur son passage.

Le schéma "plafond -transition" fonctionne à merveille jusqu'au Tuc de Piscatelle, au dessus duquel se trouve un cum que je snobe avec autant de force que ne le ferait Claudia Schiffer face aux avances d'Alain Faget. Et pourtant... la transition suivante se révèle désastreuse, ce qui me conduit sans ménagement à 950m dans les abîmes ténébreux des combes de Galey. Une petite brise de vallée alliée à des déclenchements thermiques aussi organisés que la gestion de la compta par Pierrot Coste, me rappellent qu'il ne faut jamais négliger un thermique dans le Couserans, même pour une transition d'apparence courte. Alain, tu as tes chances...

20 minutes plus tard, à 2100 dans le cum de Cornudère, je décide de tenter une balise au Mourtis et un retour par Mardans. Pas de Jean Paul, pas de Patrick. Je transite alors sur le Tuc de Casse, refais les barbules, et me jette en direction de la station convoitée. Le passage sur les versants est/sud-est de la montagne de Pouech me permet de cheminer jusqu'à la crête de La Serre qui surplombe Ger de Boutx. Son exposition est bonne, mais l'ascendance y est hachée, dure à noyauter, sans parler de la gestion de la barque qui me sert de voile. Un petit 1700 m'invite finalement à prendre une décision rapide, d'autant que les crêtes de Mardans sont noyées dans l'ombre de l'étalement des cum. Je tente alors un retour face à la brise, par les reliefs qui bordent le centre de la vallée. La transition vers le versant sud du Puech est heureusement interrompue par un thermique puissant (sous le vent de la brise), qui me propulse à 1900 et me permet d'envisager la suite du vol sous un angle moins frustrant.

C'est alors que j'aperçois une comète bleue s'agiter dans la combe sud d'Orgibet. Diantre, cet électron libre me parait bien turbulent. Est-il en train d'attaquer un ragondin, ou simule-t-il le Ruth du coléoptère tropical pour mieux séduire une proie sans défense? Ce n'est que pendant mon ascension sur le Tuc de Croue que le doute s'estompe. C'est Patrick qui enroule, légèrement secoué par les bulles affolées que la brise trimbale. Belle prise en main. Un méga plaf à 1200 lui permet de transiter royalement vers l'est pour recommencer le manège à Augistrou, situé 300 mètres plus loin, et s'y poser...soupir...

Il est environ 14h 30, et les villages de Galey et Buzan offrent tour à tour, sur leur rocade sud, un thermique salvateur dont la puissance n'a d'égal que les turbulences qui l'accompagnent. 1400 à Buzan pour passer au vent d'Arrout, le doute plane... reste le tunnel, des cours d'Antras par correspondance, ou le bol. C'est ce dernier qui se présente, sous la forme d'un cumulus à la verticale d'Argein, que je m'empresse de morpionniser jusqu'à 2000, dans les barbules. Là, ca va mieux. La voiture de Jean-Paul est toujours au déco...et lui, il est où? Pas vu dans la Bellongue, pas vu à Mardans, l'a pas intérêt de tenter un truc sans me le dire, sinon je le l'envoie en cure obligatoire à l'église de scientologie; non mais...

Ma belle ouature bleue sport, jantes alus, direction assistée, vitres électriques, vidange tous les 5000, pompe à eau neuve, est toujours sagement garée, 1600 mètres plus bas. Vais-je la retrouver sans plus attendre, la couvrir de baiser et filer avec elle le parfait amour?... A cet instant, les premières barbules, qui deviendront un cum quelques minutes plus tard, se forment sur Alas. Le déchirement est immense, mais j'opte pour une tentative qui, si elle marche, me permettrait d'envisager Moulis, Sourroque, Seix, et le parcours bien connu qui s'ensuit. J'accroche les barbules, transite allongé et détrimé au maximum tant que je sens peu l'influence d'une brise maintenant franche dans la vallée, prends un petit bord d'attaque dans la combe de Goué pour ma rafraîchir les idées, et remonte assez pour traverser sur la croix et son soaring reposant.

A cet instant, une Carlit décolle. Elle vire à gauche, direct sur la croix. C'est pas vrai, mais alors ca tient pas au relief! vite, un tour dans les combes droit devant. S'agit pas de louper le train de Sourroque, les cums y sont si alléchants. Ca zérote, ça monte, ça descend, rien de bien franc. La carlit n'a pas cherché à tenir, elle a filé à l'atterro. Je perds de l'altitude, je suis plus bas que la croix, je serre tout ce qui passe, et plaf... une demi aile! dans du +1! contrer, réouvrir, s'énerver, poser... soupir ... gueuler ... soupir ... hurler ...soupir ... Il est 16 heures, une vision décolle, elle fait un soaring reposant.

"Salut Cham, alors t'as pas tenu? moi j'ai volé avec la carlit, ça tenait bien au relief mais j'avais pas le temps alors j'ai fait un vol direct", me dit Jean Jacques Faivre tout guilleret.

Il écoule depuis ce temps une vie paisible en tant que moine scientologiste éternel, avec Couz, qui avait commis l'imprudence de rallier Mirabat sans me le dire, après avoir empruntée le route de Cornudère.


Moulis/Foix

Le 4/03, 24/03, 13/04, 13/05, le 8 et 11/07

Ce vol a été réalisé plusieurs fois cette année par les pilotes du club Effet de Fun, Jean Paul Couzinet en particulier. Il constitue une très bonne école pour les adeptes de la distance peu engagée, et s'apparente sous bien des aspects à du vol de plaine.

Les conditions associées sont généralement une bonne instabilité, des plafonds au moins à 1500m sur St Girons, et un vent nul à ouest modéré. Le flux de nord-ouest modéré se traduit très rapidement par un renforcement peu fréquentable dès la mi parcours. Il doit plutôt être faible dès le début.

Plusieurs voies ont été empruntées, et vous aurez ici la description des cheminements principaux.

Une des principales difficultés se manifeste très rapidement sur Moulis, pour sortir du site. Une première option consiste à transiter au nord-est (dés le premier gain à 1100 au moins) sur le cap de la Bouiche avant que la brise ne soit trop marquée, via le relais de Saudech. Là un thermique plus ou moins couché cueille le pilote pour un premier plafond qui doit avoisiner les 1500. Cette incursion sur la plaine est confirmée par un second plafond au sud de St Girons, et il ne faudra plus se laisser aller à fleurter avec l'intérieur de relief dont on a eu du mal à s'extirper. Foix est alors possible. La transition suivante se fait en direction de l'entrée de la vallée de Riverenert, plein sud-est, au Cap de Garrié. On ne doit basculer sur le versant sud (sous le vent en fonction de l'heure et de la période) qu'en dernier recourt. Cette crête peut être ensuite chevauchée jusqu'au pic d'Eychenne, mais c'est à partir de là que le choix entre la plaine et le relief doit s'opérer. Nous y reviendrons.

La deuxième solution pour sortir du site consiste à passer par Sourroque. La transition (Est sud-est) se fait après 200m de gain minimum sur le cap de la Pene, ce qui permet de raccrocher en thermique le versant nord-ouest puis nord de cette montagne. Les plafonds généralement plus élevés permettent alors de tenter un cheminement au nord en direction de Saudech, porté par les thermiques déclenchant presque 1000m plus bas sur les versant sud, à l'abri de la brise. Il faut éviter la vallée du Salat, étroite et ventée, qui permet difficilement de passer au nord d'Eycheil si les plafonds ne sont pas conséquents. L'axe suivant sera alors le cap de Garrié.

A partir du Pic d'Eychenne, les plafonds augmentent en allant à l'Est, et une tentative par le relief et le Massif de l'Arize peut s'envisager si le plafond avoisine 1800 sur la crête. Mais l'engagement par cette voie contraint le pilote à ne pas pouvoir se poser dans les vallée secondaires et boisées qu'il survolera en alignant le Pech d'Arbiel, le Cap de Campet, le cap du Carmil, le Pic de Razel, le Pech de Therme. A partir de là, le pays de Foix se découvre et le vol peut se prolonger vers le Prat d'Albis et Lavelanet, ou dans la vallée de l'Ariège, en direction d'Ax les Thermes si les plafonds le permettent.

Toujours à partir du Pic d'Eychenne, la deuxième solution consiste à prendre l'option plaine, c'est à dire de longer la route principale, généralement par son côté sud, en jouant sur les contrastes occasionnés par la situation des reliefs de piémont. En cas de point bas vers Castelnau Durban, l'ancienne carrière de Micou sert de bons pétards salvateurs, 1,5 km au au sud-ouest de Castelnau. La suite se dessine dans le ciel jusqu'au col Del Bouich, à partir duquel la descente sur Foix peut s'envisager sur les versants Sud rocailleux si l'échange plaine montagne n'est pas activé (ce qui est rarement le cas, sans compter que la brise de la vallée de l'Ariège n'est pas loin), où plus directement par les ressauts de St Pierre de Rivière.

Jean-Paul Couzinet, Pierre Coste, Laurent Chamerat ont plusieurs fois suivi ces itinéraires, et de plus en plus de pilotes s'aventurent sur le trajet en se faisant réellement plaisir. Le vol a même été prolongé jusqu'aux abords de Lavelanet dans des conditions moyennes, ce qui laisse présager de belles possibilités de distance, loin des reliefs austères.

Attention au vent qui peut souffler fort dans ce secteur. La balise du Prat d'Albis est un très bon indicateur.


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Laurent CHAMERAT
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La Molle, 09200 ERP
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